LUCRETIA BORGIA

Renée Auphan a choisi cette oeuvre rarement représentée en France pour l`ouverture de sa première saison à Marseille après son proconsulat plein de succès à l´Ópéra de Genève. En faisant appel au metteur en scène allemand Laufenberg pour cette oeuvre d`un belle canto attardè, Mme Auphan l´a dépoussiérée. Venise est devenue un bouge noir où rôdent les spadassins d´Arturo Ui, et Ferrare une bodega du crime organisè. Tout cela est très bien vu, très bien croqué, sans contresens qui mettrait en péril cette musique à la fois héroique et tendre. Le maestro Caetani donne à cette grande partition toute son ampleur. Ce qu`il fait est d`un grand chef.

Situant le drame dans les années trente, le metteur en scène allemand théâtralise totalement la pièce, la durcit volontairement, allant même jusqu`à faire donner la version de 1840, sans cabaletta finale, pour lui rendre la totalité de sa dimension émotionelle. Loin des ors vénitiens et des lumières cristallines, sous le néon rouge du fronton de la demeure des Borgia et entre les fauteuils cluc, Laufenberg détatille la psychologie des personnages en respectant la partition et les voix. (...) Pour servir sa vision, mais aussi la partition, Uwe Eric Laufenberg a la chance de pouvoir s`appuyer sur une distribution de qualité. nelly Miricioiu est une Lucrèce idéale, totalement crédibile dans l`expression de ses sentiments, qu`ils soient ceux de la criminelle ou ceux de la mère.